L'embrasement sur Arte

Publié le par Petrus

Téléfilm inspiré des faits qui ont été à l'origine des émeutes de novembre 2005, l'embrasement est évidemment une oeuvre partisane puisqu'elle reprend la thèse soutenue par les avocats des avocats des familles des victimes. Le scénario et la réalisation font peser un lourd climat d'angoisse autour de cette journée d'octobre 2005 où deux adolescents poursuivis par la police trouvèrent la mort dans un transformateur (flashs-back en noir et blanc avec révélations successives d'une réalité occultée par la police). Nous suivons un journaliste belge qui cherche à comprendre et dont le chemin croise celui d'un ado mythomane et d'une policière dépressive et nous comprenons progressivement à travers ses yeux qu'il y a eu manipulation au plus haut niveau de l'état. Les véritables images de Nicolas Sarkozy lors de ses passages à la télévision accréditent la thèse du complot. Le ministre de l'intérieur ne cesse tout au long du film d'affirmer ce que nous savons à présent être des contre-vérités. Pour autant, ce film ne tombe pas dans le manichéisme. Le journaliste belge est loin d'être un super-héros, « fouille-merde » comme il se qualifie lui-même, il se fait allégrement manipuler par un jeune de banlieue qui a des comptes personnels à régler, il se met tout le monde à dos à force de bons sentiments et de respect de la déontologie. Les deux autres personnages fictifs ne sont guère mieux lotis : le jeune de banlieue vivote au jour le jour, la policière a du mal à gérer sa vie personnelle. Plus fondamentalement, ce qui oppose la police et les jeunes est présenté comme une absurdité, un système où les jeunes courent parce qu'ils sont coursés par la police et où la police les course parce qu'ils courent. Il n'y a ni bons ni méchants, juste une situation absurde où tout le monde est persuadé d'avoir raison sans vraiment comprendre ce qui se passe.

À certains égards, ce film fait penser à ces deux séries diffusées sur M6 il y a plusieurs années de cela, l'une sur le monde enseignant et l'autre sur la police, malheureusement trop tôt interrompues (faute d'audience sans doute ?) où il n'y avait pas vraiment de héros mais des hommes et des femmes qui agissaient avec leurs faiblesses et qui essayaient malgré tout de bien faire. Finalement, le véritable méchant de ce téléfilm, c'est Sarkozy lui-même puisqu'il est présenté comme le seul à tirer profit de cette confrontation absurde entre jeunes et policiers. C'est assez courageux de la part d'une chaîne publique de permettre à une telle opinion de s'exprimer, fût-ce au travers d'un téléfilm. À moins que ce ne soit un coup de Chirac et de Villepin...

Le film ainsi que la bande annonce sont disponibles en téléchargement sur le site d'arte à l'adresse suivante.


Publié dans télévision

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article