La prise de l'Elysée par Serge Moati

Publié le par Petrus

Le grand événement culturel de ces dernières semaines c'est, fait inédit depuis plusieurs décennies, la campagne présidentielle. Le film de Moati diffusé sur France 3 est une occasion, la campagne à peine bouclée, de revenir sur cet épisode majeur de notre histoire politique et culturelle. Nous avons ici à faire, à l'exclusion de Jean-Marie LePen, aux seconds couteaux, Vincent Peillon pour Ségolène Royal, Rachida Dati, pour Nicolas Sarkozy. On suit également des militants ou de simples citoyens. Le film ne se veut en aucun cas démonstratif, laissant les uns et les autres parler ou se confier sans prendre parti. La différence flagrante, entre une Ségolène Royal qui monte en puissance au cours de la campagne, mais qui ne parvient malgré tout pas à s'affranchir d'un sentiment occasionnel de confusion ou de cafouillage, et un Nicolas Sarkozy disposant d'une machine bien huilée agissant comme un rouleau compresseur, apparaît clairement. Pas de faille du côté de l'UMP tandis que Vincent Peillon confie ses doutes à la caméra, avouant qu'il considère comme une erreur le rapprochement vers le centre opéré par Royal, reconnaissant le vendredi d'avant le scrutin qu'il sera très difficile voire inespéré de pouvoir encore remonter la pente. Et ce commentaire amer et désabusé le dimanche matin tandis que sa voiture passe au milieu de fourgons de CRS massés dans la capitale : « Ils ont déjà tout prévu, bienvenue à Sarkoland. »

La révélation majeure de ce documentaire, c'est que le véritable perdant de ce scrutin, ce n'est pas Ségolène Royal mais bien Jean-Marie Le Pen. Au moment du débat Sarkozy-Royal, Le Pen somnole. Il y a cru jusqu'au bout. Le jour du premier tour, l'appareil du parti croit encore à la surprise, ils s'imaginent au second tour avec cette assurance aveugle qu'ont les croyants minoritaires. À l'annonce des résultats, Le Pen est défait, le visage exténué. La stratégie consistant à paraître plus respectable n'a pas marché : Marine Le Pen apostrophant une électrice « de couleur » : « Vous êtes française, alors il n'y a pas de problème, nous sommes là pour vous défendre. » ne semble pas avoir eu l'effet escompté. Pour un peu on s'apitoierait presque sur ce vieillard usé, fatigué, vieilli, à qui un plus jeune et un plus pugnace a volé son programme, ses électeurs et jusq'à sa posture de victime et a réussi là où il a toujours échoué : se faire élire président de la République française.

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S
<br /> <br /> Mr Moati je vis à l'autre bout du monde, en l'occurrence à Noumea, savez-vous que vous avez ici un certain nombre de fans qui n'ont jamais râté une de vos émissions "Ripostes" et qui ont été tout<br /> heureux de vous retrouver sur "Cinémas" .... émission vraiment géniale.<br /> <br /> <br /> Chez un bouquiniste de Nouméa j'ai trouvé un de vos livres "Du côté des vivants .... je suppose que je vais passer un bon week end<br /> <br /> <br /> Mr Moati personne dans les médias métropolitains ne parle jamais de le Calédonie alors que lorsque quelqu'un tousse en Polynésie cela fait la une, pourquoi ?<br /> <br /> <br /> Et pourtrant ce pays a quelque chose de fascinant outre son lagon magnifique ...<br /> <br /> <br /> Pour info je suis belge, j'ai vécu bien sûr en Belgique mais aussi en France, au Maroc et maintenant depuis vingt ans en Nouvelle Calédonie.<br /> <br /> <br /> Mr Moati merci pour votre talent de cinéaste, d'écrivain et surtout de votre humanisme, de votre bon sens et de votre intégrité.<br /> <br /> <br /> Sophie Voisin<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> g<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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