Les infiltrés de Martin Scorsese
Avec les Infiltrés, Martin Scorsese nous livre un film sur l'affrontement entre la police de Boston et la maffia irlandaise. De chaque côté, il y a une taupe qui renseigne l'autre camp. Mais de part et d'autre on finit par se rendre compte qu'il y a des fuites. Chacune des taupes va donc essayer de démasquer l'autre le premier pour sauver sa peau. Voilà résumé en quelques mots l'argument du film de Scorsese. La première heure, le temps que tout se mette en place, le film fonctionne bien. On suit les deux protagonistes filmés en montage parallèle chacun dans leur rôle respectif et on se délecte du jeu des acteurs, il faut le dire, assez bons. Malheureusement, ça se gâte par la suite. À partir du moment où dans chaque camp on se rend compte qu'il y a une taupe, le scénario accumule les invraisemblances, l'action traîne en longueur, le suspense à force d'être indéfiniment étiré finit par se détendre et le spectateur assiste au spectacle de manière détachée, sans s'impliquer vraiment au côté des personnages. C'est normal, il sait déjà tout et n'a (presque) plus rien à découvrir. Reste à savoir qui sera le vainqueur à la fin, mais l'enjeu égale à peine celui d'un match de tennis dont les deux adversaires seraient du même pays.
Le problème de Scorsese, c'est qu'il n'arrive pas à choisir entre le thriller psychologique (qui est-on vraiment lorsque l'on est obligé de porter un masque sous peine de mort ?) et la tuerie ironique à la Tarentino. La fin est franchement grotesque et je ne suis pas sûr que ce soit volontaire de la part du réalisateur. Scorsese en fait des tonnes. Si mes souvenirs sont bons, c'était déjà ce qu'on pouvait lui reprocher dans La dernière tentation du Christ. J'avoue que les critiques dithyrambiques que l'on a pu lire dans la presse à l'égard de ce film me laissent songeur.