An ancient muse de Loreena McKennit

Publié le par Petrus

Cela faisait dix ans que Loreena Mc Kennit n'avait pas sorti d'albums studio. Dix ans que nous attendions cet événement avec angoisse et impatience. La muse canadienne avait-elle définitivement renoncé à sa carrière musicale ? Aussi est-ce avec la plus grande impatience et la plus grande fébrilité que nous apprîmes la sortie de an ancient muse, son nouveau Cd. Enfin elle nous était revenue! Son long silence, probablement, était le fruit d'une intense méditation qui l'avait amenée lors de nombreux voyages initiatiques à capturer l'essence même de la musique. Probablement était-elle parvenue au seuil de l'illumination, à recomposer cette mystérieuse musique des sphères dont nous parlaient les Anciens...

Hélas! Que dire ? Si cet album avait été d'une autre, on aurait pu dire qu'il était fort agréable à écouter, que les arrangements étaient bien conçus, les couleurs musicales particuliérement évocatrices. Mais on juge un artiste par rapport à lui-même et selon ce critère-là force est de constater que cet album est largement en-dessous de ce que l'on était en droit d'attendre d'une artiste telle que Loreena Mc Kennit, surtout après une aussi longue absence.

Après deux albums consacrés à la musique anglo-irlandaise, Loreena Mc Kennit avait ouvert ses influences vers d'autres horizons. Chaque album, en reprenant l'univers musical propre à l'artiste, était  marqué d'une empreinte particulière. The mask and the mirror était ainsi sous le signe de l'Espagne arabo-andalouse et du Maroc, the book of secrets sous celui de l'Italie médiévale et du Caucase. De la même manière, An ancient muse est  placé sous l'influence de la Grèce et de la Turquie. Mais alors que son précédent opus, the book of secrets, tout en gardant la même coloration sonore que les albums antérieurs gagnait en intensité et en expressivité (les auditeurs de cet album se souviennent forcément de l'incroyable intensité dramatique développée dans « the highwayman »), An ancient muse donne le sentiment que l'artiste se répète. C'est particulièrement flagrant pour des morceaux comme « Penelope's song », « beneath a phrygian sky » ou « The never ending road » que l'on a l'impression d'avoir déjà entendus sur The mask and mirror. Quant à l'inspiration venue d'ailleurs, celle de la musique sépharade pour Sacred shabatt entre autres, on préférera l'original à la copie en écoutant par exemple le double album Diaspora enregistré par jordi Savall et Montserrat Figuerras L'album n'apporte rien à l'univers de l'artiste, comme si tout avait déjà été dit et qu'il ne restait plus qu'à tourner en rond.

Si l'on doit reconnaître malgré tout une qualité à cet album, c'est la faculté qu'a l'artiste d'imprimer à ses musiques un rythme qui donne irrésistiblement envie de bouger les jambes tout en maintenant une coloration sonore propre à la rêverie. C'est particuliérement sensible pour des morceaux tels que « the gates of Istanbul », « Caravanserai » ou « Kecharitomene ». En résumé, si vous êtes un fan inconditionnel de Lorrena McKennit, vous pouvez acheter cet album qui se situe dans l'absolue continuité des précédents avec, à mon avis, un peu moins d'âme (mais vous n'aurez sans doute pas attendu mon avis pour le faire), sinon je vous conseille plutôt the visit ou the book of secrets, bien plus chargés d'émotion et d'intensité que celui-ci.

Le site de Loreena McKennit : Quinlanroad .

Publié dans musique et chanson

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M
Bon, je n'ai pas encore eu la force de me traîner jusqu'à un détaillant pour me procurer l'album en question, mais cette critique est fort déprimante et ne me motive guère. Au fil de ma lecture j'espérais découvrir que vos goûts McKennitiens vous portaient vers des albums que je n'aime pas trop, ce qui me permettait de conserver tout frais mon enthousiasme potentiel pour cette nouvelle oeuvre. Hélas force m'est de constater que nous aimons les mêmes et que je risque donc d'être déçue. Ca tombe bien j'étais fauchée.
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