La cité interdite de Zhang Yimou

Publié le par Petrus

Après Hero et le secret des poignards volants, Zhang Yimou nous raconte un autre épisode sanglant de l'histoire chinoise. L'histoire se passe à la fin de la dynastie Tang, l'impératrice entretient une liaison avec son beau-fils, tandis que l'empereur empoisonne son épouse de manière progressive. De son côté, elle va, en brodant des chrysantèmes pour la fête de Chongyang, fomenter un complot contre lui. On pourrait évidemment tenter des rapprochements avec les oeuvres théâtrales européennes et dire que le film commence comme une tragédie racinienne et se termine comme un drame shakespearien. C'est davantage encore : les trahisons successives de ces grands fauves piégés dans cette cité fermée sur elle-même acquièrent une dimension quasi-cosmique, comme le souligne le symbolisme de la table où se retrouvent les membres de la famille impériale figurant la terre et le ciel, comme l'attestent les différents moments de la journée, scandés tout au long du film par un peuple de courtisans s'affairant dans les couloirs de la cité.

On assiste à une débauche visuelle de plus ou moins bon goût. Le palais impérial croule sous les tentures multicolores, la vaisselle et les bijoux. Les foules sont filmées comme des éléments naturels qui obéiraient à des lois cosmiques. Les seuls personnages individualisés ne sortent pas de ce cercle familial mortifère.

Un film à la fois hiératique et sanglant que certains jugeront un peu trop symboliste ou un peu trop kitsch, qui, à travers une débauche de moyens visuels spectaculaires, parvient à nous faire ressentir quelque chose de l'horreur cosmique et familiale qui se joue entre l'époux, la femme et les trois fils.

Publié dans cinéma

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